« Battle for life »

Fiche de présentation

Thématique : la participation au dispositif comme substitut à la socialisation familiale
Realisation RTA

Accompagnement : Laurence Watillon
Coordination vidéo : Jean-Pol Cavillot
Images : Ludovic Bouchat et Géraldine Nicolay
Montage et musique : Ludovic Bouchat
Montage carnets : Caroline Garzón

Institution partenaire :

Color'ados, Service d'Aide en Milieu Ouvert (AMO) (www.colorados.be)
Equipe d'animation : Olivia Branche, Daniel Aranz, Mathilde Riche
Soutien professionnel : Jordan Likiyo (chorégraphe) et Baptiste Moulart (professeur de théâtre et metteur en scène)

Jeunes : Maxime, Cheyenne, Dorian, Noémie, Tchidédé, Krysto, Naomi, Miky, Brenda, Grâce-Marie, Samuel, Cijy, Loïc, Lucas

 

Les parcours proposés

Les 5 parcours proposés aux jeunes venaient illustrer la thématique du substitut à la socialisation familiale.

contexte et processus
de la réalisation

Daniel est l'animateur-danseur d'un atelier de hip-hop et break dance organisé par l'AMO. Ces mouvements de danse ont une histoire, une symbolique qu'il semblait intéressant de mettre en lien avec les parcours de vie sélectionnés, par le biais d'une chorégraphie qui vient donner corps aux différents thèmes évoqués. Celle-ci sera filmée et montée par RTA en vue de la réalisation d'un clip vidéo.

Deux stages organisés par l'AMO ont été consacrés à la réalisation de ce projet, mobilisant 2 groupes différents :

  1. Durant le stage de Carnaval

    Un jour et demi a été axé sur des jeux pour découvrir les parcours, en privilégiant les représentations, sketches et scénettes d'improvisation, avec 6 jeunes de l'AMO. Il s'agissait de raconter des histoires, de les mettre en scène.

  2. Durant les vacances de Pâques

    Une semaine entière a été nécessaire pour l'élaboration du scénario et de la chorégraphie, ainsi que de nombreuses répétitions en vue de la journée de tournage fixée le vendredi. Cette fois, les 6 jeunes ont été rejoints par le groupe de danseurs de break de l'AMO, plus nombreux et plus âgés, invités à constituer la 2ème équipe de la battle (Défi de danse entre 2 danseurs ou groupes de danseurs) présentée dans la vidéo.

Ces jeunes ont une pratique de danse en « free style » et en « battle », une forme de danse qui laisse la place à la liberté de s'exprimer mais aussi de s'affirmer, y compris via une sorte de lutte dansée et codifiée. Par cet angle choisi pour leur présenter le projet de clip vidéo, il devenait possible d'utiliser leur pratique de la danse d'une manière collective et différente, pour raconter quelque chose et pour donner du sens.

À la première lecture, les récits choisis paraissaient mettre en avant des difficultés de parcours, avec des termes fort négatifs qui ont d'ailleurs marqué les jeunes (racisme, exclusion, trafic, etc.), sans pour autant éclairer les leviers activés pour que l'évolution soit positive. L'équipe d'animation a éprouvé le besoin d'insister sur ces leviers dans la description qu'elle a adressée aux jeunes parce qu'elle estimait que c'était important de mettre en lumière ce qui influence positivement une trajectoire.

Daniel va proposer aux jeunes de s'approprier le travail pour en faire une occasion de s'exprimer, pour profiter d'une porte ouverte sur l'avis des jeunes. Ils tiennent dans cette expérience une occasion de faire quelque chose de différent qui sera entendu par un public tout aussi différent, un public de professionnel(le)s de la jeunesse et de chercheurs/euses qui pourraient avoir besoin d'eux pour mieux comprendre. Ces jeunes, peu motivé(e)s initialement par la réalisation d'un film, vont alors s'emparer du clip vidéo pour s'exprimer au moyen de la danse.

D'ailleurs, les jeunes se sont montrés enthousisastes quant à une projection programmée de leur production, afin d'y convier leurs familles et leurs amis, et d'obtenir par ce biais une certaine reconnaissance de leurs efforts et de leur travail. C'est une étape d'une grande importance pour eux.

Le déroulement

Le stage de Carnaval
(appropriation)

Le stage de Carnaval est entièrement consacré à ce projet. 8 jeunes (entre 12 et 15 ans) habitué(e)s du service - dont plusieurs danseurs de break - accueillent les premiers éléments des parcours. Ils se réunissent dans une Maison de jeunes, avec un grand local polyvalent qui comporte une large scène et des miroirs couvrant tout un mur. Les jeunes peuvent ainsi occuper ce grand espace, en s'observant minutieusement lorsqu'ils dansent.

Pour prendre connaissance des parcours, un premier exercice de lecture a lieu. 6 jeunes participent ce jour-là et forment un groupe autour de chacun des 3 (sur 5) parcours choisis. Devant la longueur des textes, les jeunes font la grimace. Pourtant, soutenus par les responsables de l'animation, ils s'intéressent aux parcours. « On rentre dedans » dit un ado.

Ils finissent par s'approprier les histoires et les vécus, autour de thèmes qui leur parlent : la rupture scolaire, le rap, le racisme, le changement de vie, l'abandon, la maltraitance, l'aide de services, les influences, les hauts et les bas de la vie, la drogue.

Durant un deuxième exercice, la consigne est d'élaborer des représentations de ce qui est retenu pour pouvoir l'exposer aux autres.

Ce sont des formes d'improvisations théâtrales et de sketches qui sont choisies par les jeunes.

La présence de RTA les intrigue sans les gêner. Ils se jouent de la caméra, s'intéressent aussi à l'aspect technique.

Différentes formes de représentation sont imaginées par groupe de deux :

Le temps de midi se passe en jeux et en danse. Les jeunes profitent de la présence de Daniel.

L'après-midi commence sur les thèmes que les ados relèvent dans les différents récits.

Chacun(e) y ajoute une référence, une image, un trait qui l'a marqué : le racisme et Hitler, la difficulté dans certaines circonstances de rester un chouette gars, le rap et la notoriété qui ont risqué de foutre en l'air la vie d'André, Karim veut choisir une autre vie avec sa femme et son enfant.
Les jeunes partagent leurs visions et leurs connaissances.

Vers 15h, la fatigue se fait sentir. Ils réclament de danser. Daniel leur propose de représenter une histoire en dansant, avec une mise en scène de l'influence qui s'exerce les uns sur les autres. Le mouvement de danse passe de l'un(e) à l'autre à partir d'un bref touché du bras. Une progression doit se faire sentir, une montée en intensité. Les ados retrouvent leur énergie, l'enemble s'y met, même ceux qui ne dansent pas d'ordinaire. Un travail se fait sur l'image, les jeunes proposent de placer des danseurs/euses hors du champ de la caméra pour les faire entrer progressivement.

Making of

Les ados aspiraient véritablement à se défouler et à s'exprimer au travers de la danse, « parce que chez moi, on m'engueule si je fais ça », dira une jeune fille. Tous ont apporté des idées ou participé à la mise en scène, dans une sorte de conclusion de ce qui s'était échangé ce jour-là.

Le dernier jour du stage sera consacré à la création de grands panneaux qui serviront plus tard à une battle de break organisée entre les danseurs. Pour cela, maniant les pinceaux et la peinture, les jeunes ont tracé des phrases issues de leur cru, à partir de celles issues des récits présentés.

 

Le stage de Pâques
(5 jours entiers)

Le « stage d'expression » organisé par l'AMO pendant la seconde semaine des vacances de Pâques est entièrement consacré à la réalisation de la vidéo, 2 journées de tournage avec l'équipe de RTA étant programmées le jeudi et le vendredi.



Voir le programme de la semaine

Le groupe de jeunes s'était élargi jusqu'à en compter une petite trentaine. Deux jeunes plus âgés ont rejoint cette petite troupe pour aider dans les chorégraphies et dans les répétitions. Un squelette de scénario, pièce à casser, est proposé autour des 3 thèmes principaux récurrents dans les 3 parcours : parcours – influence – soutien. Les quelques jeunes qui ne dansent pas ont eu d'emblée la possibilité de travailler sur le scénario et sur les décors, de façon à ce que chacun trouve sa place.

SCENARIO

  1. Un garçon s'entraîne seul dans sa chambre, il ne danse pas bien.

  2. Il se rend à la plaine du Lidl (où se trouve un skate parc). On voit des danseurs qui répètent... tous en t-shirt rouge (danseurs/seuses d'une même équipe). Une des filles du groupe vient lui dire bonjour, ils se connaissent. Elle lui tire le bras pour qu'il vienne danser avec leur groupe mais il refuse d'un air méprisant.

  3. Les rouges font un battle ensemble, l'ambiance est bonne, le public est chaud. Soudain un danseur en t-shirt noir débarque pendant que la fille danse et il gagne la battle contre elle. Notre « héro » qui n'était pas loin a vu la scène, il y entre pour répondre mais se fait battre lui aussi.

  4. Il est tout dégoûté, il se tient à l'écart. Le groupe des rouges vient le soutenir et ils dansent ensemble. On s'entraîne durement.

  5. Un mois plus tard, le danseur au t-shirt noir revient et défie les rouges qui étaient en cercle. Notre héro relève le défi, le « méchant » éclate de rire. Notre héros a fait des progrès, il danse mieux mais ce n'est pas suffisant. Soudain, l'ensemble des rouges « partent en choré » et c'est le massacre. Le groupe est plus fort, notre héros a reçu le soutien de tout le groupe... le « méchant » part en râlant.

Les jeunes danseurs se sont ajoutés au petit groupe de départ, créant une joyeuse cacophonie que l'équipe d'animation peine à canaliser, et pour cause : ils sont maintenant près de trente.

Une journée entière est consacrée à l'échange d'idées à intégrer au scénario précédemment défini et à sa manière de les mettre en image. Via des jeux de mimes, d'improvisation et de représentation, les ados sont invité(e)s à déplier les notions de « parcours du combattant » et d'« accident de parcours », à concevoir la mise en scène par la danse des personnages avec leurs émotions, en même temps que l'intégration des danseurs et de danseuses au scénario prévu.

Making of


L'accent a été porté sur la parole et sur la représentation, sur la liberté de mouvement, la créativité et le dynamisme des jeunes. Comme le disait une ado : « Je ne suis pas à l'école ». Le scénario a été développé par les jeunes selon leurs préoccupations, parfois en s'éloignant un peu des sujets mis en évidence dans les récits. Par exemple, la solitude, très présente dans les parcours décrits, ne correspond pas à ce que les jeunes vivent dans leurs quartiers et dans l'AMO, où on se trouvent tout le temps en collectivité.

DERNIER JOUR - jour de tournage

Les jeunes ont beaucoup répété et ont assuré 5 jours de répétition d'affilée alors qu'un professionnel en supporte 3 au maximum. À la fin de la semaine, tous et toutes étaient épuisé(e)s physiquement. L'élaboration d'une chorégraphie n'est jamais facile et donne souvent lieu à des tensions et des frictions qu'il a fallu gérer en plus de la fatigue. Heureusement, la finalité du projet venait nourrir leur motivation, encouragée par l'apport technique et professionnel. Le groupe se sentait pris au sérieux.


Plans de
tournage :


Programme J1

Programme J2

Le dernier jour de la semaine, jour du tournage, la météo était mauvaise. Pour le tournage en extérieur, les responsables ont dû renoncer au lieu prévu, trop exposé à la pluie, mais en ont découvert un autre plus propice, à l'abri sous un pont. Après une journée éprouvante par la fatigue, le froid et la pluie, le tournage s'est vu interrompu par la police. Le lieu n'était pas sécure, trop proche du passage de trains, les jeunes allaient devoir renoncer à la dernière demi-heure qui comprenait la scène finale pour laquelle ils avaient tant répété.

Face à la contrainte de quitter les lieux, la démotivation s'est emparée de tout le groupe, jusqu'aux adultes, vu l'effort soutenu qui avait été accompli et qui ne pouvait aboutir comme ils l'avaient prévu. Cette mobilisation risquait de prendre fin sur une très mauvaise note, redoutée par l'équipe d'animation. Rassemblé(e)s sur un trottoir, proches du découragement, ils envisageaient quelques solutions lorsqu'un jeune a eu une idée...

Résultat final


Voir les autres carnets :


« Roman photo
de classe » 


« Kaléidoscope »



« Ego
construction »


« Parcours en
détrempe »

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